Carnet de route

2025-06-06 Séjour escalade dans les Gastlosen

Le 06/06/2025 par Jean-Charles Espinet

Au départ, le séjour était prévu sur 3 jours de grimpe dans les Gastlosen, mais « Dame Météo » en a décidé autrement. Nous sommes finalement partis Serge et moi de Morteau le mercredi à 14h00, direction Jaun. Une équipe bisontine de cinq personnes, composée de Florence, Jeanne-Marie, Maryse, Anne-Cécile et Marcel doit aussi nous rejoindre à la cabane Grubenberg.

Entre Fribourg et Bulle, des pluies diluviennes s’abattent sur l’autoroute. Nous sommes inquiets pour monter au refuge (30 minutes pour les 200 mètres de dénivelé, de quoi y arriver trempés jusqu’aux os). Mais un peu avant Jaun, la pluie cesse, et finalement, sur l’autre versant des Gastlosen, tout est sec.

Arrivés au refuge, Jeanne-Marie est déjà là. Nous allons saluer Jürg le gardien du refuge ainsi que deux randonneurs de passage. Nous nous installons tranquillement dans cette charmante petite cabane et un peu plus tard, nos amis bisontins arrivent en même temps que la pluie. Le repas peut donc être servi dans la bonne humeur.

Après le repas et notre contribution à la vaisselle, discussion sur la stratégie du lendemain :

  • Objectif : traversée des arêtes des Gastlosen, avec une possibilité d’échappatoire si l’horaire est trop juste.
  • Composition des cordées : Serge et Florence, Jeanne-Marie et Maryse, Marcel avec Anne-Cécile et Jean-Charles en encordement en flèche.
  • Petit déjeuner : 6h30 pour débuter la grimpe à 9h00 maxi.

Nous pouvons aller nous coucher après avoir consulté une nouvelle fois la météo : pas terrible.

Jeudi matin, réveil à 6h15. La météo n’est pas fameuse, il tombe par moment des averses et il y a beaucoup de vent. Les averses devraient cesser, nous décalons donc notre départ d’environ 1 heure.

Il faut reprendre les voitures pour aller se garer au parking Oberberg, à 1490 m d’altitude. De ce parking, une superbe belle approche alpine nous attend. Ce sera le seul moment de la journée où nous n’aurons pas froid. Nous arrivons à 10h15 au col d’Oberberg 1820 m, 330 m de dénivelé d’approche tout de même, un joli crapahute, et la première cordée peut s’élancer à 10h30 mais avec déjà 1 heure et demie de retard sur l’horaire prévu la veille.

La première longueur en 4a est facile mais les suivantes se compliquent très vite. Le rocher est très patiné par endroit, les quelques points d’assurage bien espacés, l’arête est bien verticale et le vide est présent des deux cotés.

Les deuxième et troisième longueurs en 4c me semblent bien sous-cotées, je tire au clou. C’est impressionnant, il faut rester concentré et ne pas psychoter. Marcel avance avec une aisance déconcertante, et j’entends Anne-Cécile lancer régulièrement des « put... ». Étant la troisième cordée, les attentes aux relais sont un peu longues et frigorifiques.

Puis vient la fameuse quatrième longueur en 5c+ très patinée. Serge passe en tête et laisse des sangles et des dégaines pour les suivants. Avec ces artifices, tout s’est bien passé pour tout le monde malgré l’angoisse de ne pas y arriver.

La cinquième longueur en 4c donne du fil à retordre au premier du fait du peu d’équipement de celle-ci et de quelques prises branlantes peu rassurantes. Pour les seconds c’est plus facile et c’est une longueur assez longue mais néanmoins moins aérienne.

Après une très courte dernière longueur anecdotique, nous arrivons à la croix de l’Eggturm, 1933 m, il est déjà presque 14h00, la première cordée étant là depuis environ une heure. Nous nous ravitaillons rapidement, enfilons nos chaussures de randonnée et direction la suite de l’arête ou l’échappatoire.

Mais la sente pour redescendre de l’Eggturm est très raide et dangereuse. Il nous faut progresser prudemment et faire attention à ne pas provoquer de chutes de pierres sur les 2 autres cordées. Finalement nous arrivons au pied du Grand Pouce à 15h15, alors que nous n’avons parcouru que le quart de l’arête. Après concertation, nous nous rendons compte qu’à 3 cordées nous allons exploser le timing d’autant plus que la pluie du matin nous a fait prendre déjà beaucoup de retard. Donc la décision est prise de stopper l’aventure et d’emprunter l’échappatoire.

Une nouvelle belle randonnée débute donc. Il faut longer toute la falaise versant Ouest et revenir au point d’attaque de l’arête. Puis, chemin inverse pour revenir à la voiture où Florence et Jeanne-Marie nous abandonnent et rentrent à Besançon.

À 18h30, nous sommes de retour à la « Hutte » bien fatigués mais heureux de cette journée éprouvante. Jürg nous a préparé une excellente fondue fribourgeoise et se joint à nous pour partager le repas.

Un nouveau petit briefing pour la journée du lendemain, et direction le dortoir où chacun apprécie la position horizontale.

Vendredi matin, réveil à 6h45.

À 5h00 il tombe des cordes, et ça, ce n’était pas vraiment au programme. Le vent est toujours de la partie, c’est plutôt un allié. À 7h00, la pluie semble avoir cessé, nous avons de la chance et dehors, la température est douce malgré le vent.

Après le petit déjeuner et un au revoir au gardien, nous retournons au parking de la veille. Une nouvelle marche d’approche nous attend mais beaucoup moins physique que la veille. Direction secteur Pfadflue.

Marcel grimpera avec Maryse dans la voie « Salü Jan » tandis que Serge avec Anne-Cécile et Jean-Charles en flèche seront dans « Glenfiddich for William ». Nous abandonnons Maryse et Marcel dans leur secteur et nous nous dirigeons vers le nôtre. La météo est belle, le soleil est revenu et nous sommes à l’abri du vent.

C’est une belle grande voie de calcaire avec des cannelures. Vue du bas, la falaise semble bien couchée, pas trop verticale, mais attention, les vues du bas écrasent toujours.

  • L1 4a. Elle est en effet peu inclinée et courte. Elle ne pose pas de problème.
  • L2 5a. La pente se redresse et on part en traversée. Le rocher est bien adhérant, et on peut trouver des prises de main et de pied dans les cannelures. C’est ludique.
  • L3 4c. C’est la plus longue : 35 m.
  • L4 5a. Le départ est un peu délicat, Anne-Cécile anime quelque peu la cordée avec ses petites injures de stress. MDR.
  • L5 5a. C’est pour moi la longueur la plus difficile. Je n’ai vraisemblablement pas choisi le meilleur passage et j’ai pris un vol. Résultat, je me suis retrouvé 2 m plus bas dans la voie d’à côté (6 à 8 m à côté). Il m’a fallu revenir non sans peine dans la bonne voie.

Le retour au pied de la voie s’est fait sans problème par 5 rappels consécutifs. Puis nous sommes repartis chercher et attendre nos deux collègues. Retour tranquille aux véhicules puis direction Morteau en ayant retrouvé la pluie vers Morat.

Nous sommes tous satisfaits de ce séjour « grandes voies » et un grand merci à l’organisateur.







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