Carnet de route

2023-07-16 Camp été : Boucle des Dômes de Miage au Mont-Blanc du camping

Le 16/07/2023 par Martin Gillard

L’idée de réaliser cette course nous prend en début de semaine au sommet du Tondu. En effet, nous avions alors une superbe vue sur toute la traversée des Dômes de Miage au Mont-Blanc. L’ascension du Tondu en partant du camping était d’ailleurs un exercice préparatoire pour le dénivelé et l’acclimatation à l’altitude en prévision du reste du séjour. 

Le jeudi 13 matin, nous voilà̀ donc sous le barnum du CAF pour choisir le matériel et préparer les sacs à l’abri de la pluie. Comme il n’y a plus de places au refuge Durier, nous serons en bivouac sauf la première nuit que nous passerons au refuge des Conscrits. Pour réduire le coût, nous avions de toutes façons décidé de porter nos repas. Nous passons un peu de temps sur le choix du matériel de bivouac : à la belle étoile et gros sacs de couchage ? Ou tente et sacs de couchage plus légers ? Après essai, nous optons pour une tente une place. Nous tenons tout juste dedans tête-bêche avec un matelas et demi (la dernière moitié remonte sur la paroi), mais comme cela nous économisons 700g. Nous partons légers également pour Bionnassay. En plus du matériel individuel, nous emmenons six sangles, deux câblés et deux friends moyens. À 13h40, nous partons pour la montée au refuge des Conscrits. La pluie a cessé, il fait très lourd. 

Le vendredi 14 nous quittons le refuge à 6h pour la traversée des Dômes de Miage. Très vite, il faut mettre les crampons pour remonter les névés verglacés. Problème : les crampons de Thomas déchaussent tout le temps. Nous n’allons pas pouvoir continuer la course si nous ne trouvons pas une solution. Heureusement, j’ai un bout de cordelette au fond de mon sac. Nous coupons deux morceaux, brûlons les extrémités avec le réchaud et transformons ainsi les crampons automatiques en semi-auto. C’est bon, ça a l’air de tenir même quand nous traversons les rochers. Nous avons perdu un peu de temps mais au moins nous pouvons repartir. Nous nous encordons au col de la Bérangère pour la traversée glaciaire. Il fait beau, le paysage est magnifique et la traversée se déroule sans encombre. Dans la matinée, nous croisons trois autres cordées du camp faisant la traversée dans l’autre sens, en boucle depuis les Conscrits. La montée au quatrième Dôme est particulièrement belle sur une arête assez effilée. Arrivés au sommet, nous pique-niquons avant la section plus rocheuse pour laquelle nous enlevons les crampons. Avant la descente sur le col de Miage, nous tombons sur des filons de quartz avec de très beaux cristaux. Je ne peux pas m’empêcher de ramasser quelques échantillons (je me limite car il va falloir les porter...) 

Nous arrivons au refuge Durier vers 14h. Après une petite pause, plutôt que de planter la tente aux abords du refuge, nous décidons de continuer pour réduire le dénivelé du lendemain. Arrivés sur le premier épaulement neigeux, nous tombons sur un petit ruisseau d’eau de fonte. Nous avons trimballé 5 litres d’eau toute la journée pour rien. Nous en profitons donc pour la remplacer par de la fraiche ; comme ça nous en aurons assez pour le soir et la journée du lendemain. Nous cherchons alors un emplacement pour le bivouac et en profitons pour repérer l’itinéraire de la suite. Après une petite descente de « ski-chaussure », nous décidons de terrasser une plate-forme en bordure de neige, vers 3600m d’altitude. Pour essayer de limiter le froid, Thomas nous maçonne une belle dalle avec des pierres plates. La tente est installée, la soirée arrive. Nous mangeons, préparons les baudriers pour le lendemain et nous couchons. Le vent se lève pour la nuit, nous entendons les chutes de pierres aux alentours puis les feux d’artifices dans la vallée. 

Samedi 3h, nous sommes réveillés un peu avant la sonnerie du réveil. J’ai plutôt bien dormi mais Thomas a eu froid avec son matelas. Nous déjeunons, puis démontons la tente. Le temps de faire les sacs, nous voyons quatre cordées venant du refuge passer sur la crête au-dessus de nous. À 4h, nous leur emboîtons le pas. À 5h, après le passage d’une première arête rocheuse, nous arrivons au pied du bastion rocheux. Là, il faut attendre l’avancée des cordées qui précèdent. Nous allons nous suivre à la « queue leu leu » sur toute l’escalade. L’itinéraire est facile à suivre, marqué par les griffures de crampons. L’escalade est jolie, le paysage se dévoile peu à peu avec l’aube. Niveau matériel, quelques grandes sangles à la places des petites auraient été plus utiles. Pour les coinceurs, je ne pose que les plus grands. En tout cas nous avons assez pour faire les longueurs tranquilles. Arrivés au sommet du bastion rocheux, nous raccourcissons l’encordement pour attaquer les dernières pentes neigeuses. Nous arrivons au sommet de l’Aiguille de Bionnassay à 6h, juste au moment où̀ le soleil apparaît au-dessus de l’arête des Bosses. L’instant est magique et la vue époustouflante. On nous a dit que l’arête était large en ce moment, qu’est-ce que ça doit être quand elle est étroite ! Thomas reprend alors la tête et s’engage sur l’arête. Nous cheminons ainsi jusqu’au Col de Bionnassay, puis gagnons le Piton des Italiens et enfin le Dôme du Goûter. Nous sommes alors sur la voie normale du Mont-Blanc, le chemin est tracé. Un coup d’œil sur la montre, il est 8h30, nous sommes dans l’horaire, en bonne forme et il fait grand beau ; nous partons donc pour le sommet. Passé l’abri Vallot, la vue est vraiment belle sur les glaciers et les sommets environnants. Nous avons un bon rythme et progressons rapidement. Malheureusement, le temps commence à se gâter sur le sommet qui disparaît régulièrement dans des nappes de brouillard. Vers 9h30 probablement, nous sommes dans le brouillard et il y a de bonnes rafales de vent. À 10h, une cordée que nous rejoignons nous crie que ça y est, nous sommes au sommet du Mont-Blanc. C’est vrai que ça ne monte plus. Le temps est de pire en pire, il ne faut pas traîner. Une rapide photo sur fond gris puis nous repartons pour la descente. Le vent a encore forci, nous devons régulièrement nous arrêter pour garder notre équilibre. De temps en temps, nous devons nous accroupir pour nous cramponner au sol le temps que la rafale passe. Nos mains qui étaient bien gelées depuis un moment se réchauffent lors d’un passage abrité du vent, ça brûle... Passé l’abri Vallot, nous sommes toujours dans le mauvais temps, mais nous avons quitté la crête. La chute est moins risquée et nous pressons un peu l’allure. Nous arrivons maintenant au Dôme du Goûter, c’est là que nous quittons notre itinéraire de montée. La neige est dure et la trace peu marquée. Nous la perdons. Heureusement, le temps d’essayer de nous repérer, nous entendons une cordée qui redescend. Nous leur emboîtons le pas car ils connaissent le chemin. Le brouillard se dégage un peu au-dessus du refuge du Goûter que nous rejoignons dans les bourrasques de vent. 

Enfin un peu de repos ! Il est 13h, nous pouvons manger au chaud et boire une bonne bière. Le gardien du refuge nous apprend alors que le bivouac est interdit sur toute la voie normale et que la Cabane des Rognes (où nous avions prévu de passer la nuit en cas de mauvais temps) est fermée. Nous devons donc descendre sous le Nid d’Aigle avant ce soir. Vers 14h nous voilà̀ repartis pour la descente par la voie normale. C’est encore l’occasion de faire quelques glissades sur les névés au niveau de Tête Rousse puis nous quittons définitivement la neige. Après le Nid d’Aigle, tout est en pente, il faut encore descendre jusqu’au fond du vallon pour trouver un endroit plat. Malgré la chaleur, nous gardons les chaussures d’alpinisme car nous ne voulons pas alourdir les sacs qui nous paraissent déjà̀ bien lourds. Pour ma part je pense que ça a été une erreur car le lendemain toute la peau de mes talons est restée au fond de mes chaussettes... A 18h, nous déposons enfin les sacs à 1800m d’altitude sous un sapin, cela nous fait 3000m de dénivelé négatif. Il y a un ruisseau non loin qui nous permet de remplir nos gourdes vides. Nous sommes épuisés et nos affaires sont humides, nous les étalons au soleil. Après une période d’égarement à errer en transportant notre barda pour trouver un endroit idéal pour le bivouac (les cerveaux s’étaient mis en veille) nous reposons nos affaires sous le sapin. Nous n’avons pas trouvé d’endroit plat pour la tente ; trop fatigués, nous décidons de manger rapidement, de mettre toutes les affaires dans les sacs en cas de pluie (le ciel s’était bien couvert) et de dormir à la belle étoile. Nous nous lèverons et commencerons à marcher s’il se met à pleuvoir mais il faut absolument que l’on dorme un peu. 

Dimanche, nous nous réveillons de bonne heure et déjeunons. Le ciel est couvert mais il n’a pas plu. A 6h nous nous mettons en route pour le camping. Nous passons par le col du Tricot et sous le Truc. Les sacs nous semblent légers sans nourriture et juste un litre d’eau pour la route, nous sommes en super forme et bavardons tous le long du chemin. Nous arrivons au camping à 10h30, puis après une bonne douche et un passage dans la rivière, nous redescendons aux Contamines fêter la fin de notre aventure autour d’une bière et d’une tartiflette. 

  • 1er jour : 1410 m de dénivelé positif, altitude max 2580 m (Refuge des Conscrits), 9,1 km 
  • 2e jour : 1480 m de dénivelé positif, altitude max 3673 m (4e Dôme de Miage), 7,8 km 
  • 3e jour : 1420 m de dénivelé positif, altitude max 4810 m (Mont-Blanc), 19,4 km
  • 4e jour : 530 m de dénivelé positif, altitude max 2120 m (Col de Tricot), 12,3 km 

Soit 4840 m de dénivelé au total pour environ 48,6 km (calculés sur la carte).

Participants :

  • Martin CAF Chalon sur Saône
  • Thomas CAF Chalon sur Saône






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