Carnet de route

2023-03-25 Séjour ski de randonnée au Simplon vu par Nathalie

Le 25/03/2023 par Nathalie Chateau

Dimanche, Tochuhorn et Spitzhorli

Nivo : risque 3, O à E en passant par N > 2400 m.

Topo : 2 sommets dispos au départ du col du Simplon 1990 m : Tochuhorn 2661 m et Spitzhorli 2736 m.

En vrai : D+ 1050 m. Un peu de soleil au décollage mais vite bâché, le brouillard nous attrape vers 2285 m et ne nous lâchera plus. Les pentes sont toutes inférieures à 30°, et cela manque sérieusement de neige pour craindre quoi que ce soit.

C'est au jugé que nous atteignons à pied le Tochuhorn. La crête à suivre est une espèce de pierrier peuplé d'herbe, impossible de skier jusqu'en haut (presque, puisque Georges le fait en passant un peu en dessous de la crête).

Descente à pied puis petite traversée en peaux pour se recaler vers le Spitzhorli. Il faut d'abord passer un col à 2601 m, sans difficulté, mais on ne voit rien. Idem au sous-sommet marqué d'une petite construction en pierre à 2728 m. Il faudrait redescendre pour rejoindre le vrai sommet, on s'abstient, faute de vue et de visibilité. 

La descente est tendue, dans le brouillard tenace. On rate le col, descendus trop bas dessous. Ballot, on se retrouve dans une pente potentiellement à 30°, potentiellement un peu exposée, on n'y voit rien et la neige s'enfonce sérieusement par endroit. Et il neigeote... choix de remonter directement à pied dans la pente, l'absence de pique-nique, l'absence totale de visibilité... C'est une décision moyenne qui n'aura pas de conséquence fâcheuse. Mais l'occasion d'un bon debrief au retour.

Revenus au col, il ne reste plus qu'à descendre, toujours en aveugle, dans une neige pourrie et croûtée, en suivant le GPS et la trace de montée sur le téléphone d'Étienne. Tout sauf du plaisir.
Mais au final 1050 m de dénivelé, une belle bambée, on a bien pris l'air alors que la météo était propice à rester devant la télé, nickel ! Et bonne expérience de conditions compliquées du fait du manque de visibilité quasi total. 

Lundi, tentative au Böshorn (3268 m)

Nivo : risque 3, NO à E via N > 2400 m, neige ancienne fragile + avalanches mouillées N < 2000 m et ESO < 2400 m. Petite couche de fraîche pouvant atteindre 20 cm tombée dans la nuit avec vent, n'apparaissant pas au bulletin.

Topo : départ Engiloch 1800 m, 2 passages à surveiller : le long d'une cascade à 2200 m, puis montée raide en diagonale sur une vire à 2660 m. Et après 2811 m une pente raide en rochers. Dépose des skis à 3200 m pour finir en crampons.

En vrai : D+ 1150 m. Ciel tout bleu, pas de vent, on est 6, en pleine forme. Conditions de rêve et très belle montée. Des groupes ont tracé avant nous, c'est facile et très joli. Au point 2411, le Sirwoltusee (lac) caché sous la neige marque notre différence : nous sommes les seuls à partir vers le Böshorn.

Jean-Marie en pleine forme se colle à la trace, nous prenons quelques distances dans ces pentes un peu plus exposées mais inférieures à 30°, jusqu'au pied de la vire. Nouveau point de décision à 2660 m. La pente est plus raide au-dessus de nous et semble bien fraîche. Chargée ou pas ? Craignos ou pas ? Flo s'engage, brasse dans la petite couche de fraîche qui glisse à chaque pas. Jean-Marie tente sa chance. Tout le monde déchausse, et on monte direct dans la pente. Ça ne craint pas, la neige est bien stabilisée et la fraîche ne dépasse pas 20 cm. Nickel. Rechaussage, jusqu'au petit col à 2811 m.

Là ça se gâte, la pente de neige est parsemée de blocs de rocher. Petite tentative pour passer à ski mais ça gratte de partout et ça sera impossible à descendre à ski. Et très long à pied. Et derrière c’est encore très long… Décision de déchausser et redescendre au col. Résultat 1150 m de dénivelé et un beau pique-nique au soleil. 

Ensuite... c'est que du bonheur dans cette petite neige toute douce qui ne cache rien de désagréable. On passe un par un dans la montée de la vire, effectivement il y a une petite plaque de fraîche qui descend facilement quand on appuie dessus, mais rien de dangereux en faisant attention. 1000 m de descente parfaite, grand plaisir partagé. Très belle rando malgré l'absence de sommet.

Mardi, Chaltwassergletscher (au lieu du Wasenhorn)

Nivo : 3- NO à E en passant par N en vieille neige > 2400 m et neige humide ESO < 2400 m.

Topo : Wasenhorn 3246 m au départ de l'hospice, dont 400 m de D+ en arête rocheuse, soit 1470 m de D+.

En vrai : 1005 m de D+, tout juste !!! Départ tardif, groupe 1 avec le groupe 2 encadré par Thierry. Remontée au-dessus de l'hospice jusqu'à un petit passage critique à 2350 m. Passage avec couteaux et un par un en traversée de face qui pourrait être craignos. Mais sans doute pas. Ensuite on s'élève en Z, mauvaise pioche, partis sur la trace du Breithorn au lieu de tirer plus à flanc vers la moraine. Jean-Marie en tête suit la trace existante, erreur de débutants ! Mais la trace plus horizontale bardée de roches apparentes n'était pas très motivante si nous l'avions vue. 

Une fois l'erreur de trajectoire reconnue, on opte pour un grand tour « par le haut ». Les barres rocheuses qui nous barrent un peu la route font réfléchir le groupe entier, on zigzague dans des paysages vallonnés magnifiques, dominés par la chaîne qui se termine au Monte Leone. Le soleil est voilé mais ça chauffe bien dans ces vallons sans vent. Le groupe 2 finit par se lasser de nos tergiversations et fait demi-tour, nous décidons de grimper en bordure de glacier pour surplomber les rochers. L'aire de pique-nique à 2900 m d'altitude est parfaite, une jolie pierre plate chauffée au soleil accueille le groupe au complet. À 180° nous contemplons successivement : l'arête de la course visée infaisable par manque de neige bien en-dessous du point de déchaussage prévu, la Monte Leone Hütte, destination du groupe 2 inaccessible à ski faute de neige aussi et les sommets du 1er jour. La classe !

Puis c'est la descente, 1000 m de pur bonheur, de dômes étincelants en petits vallons bien enneigés. La glisse est parfaite, jusqu'à l'hospice en traversant la forêt de mélèzes tracée par nos prédécesseurs, et en évitant la traversée scabreuse de la montée ! Perfect Day avec la parfaite équipe (Flo, Jean-Marie Georges, Étienne et Dom) et la météo parfaite (Soleil voilé pas de vent et chaleur printanière, en ce 21 Mars !) dans une neige parfaite à glisser ! 

Mercredi, Breithorn

Nivo : toujours pareil, ciel bleu, pas de vent.

Topo : Breithorn 3450 m, avec 1450 m de dénivelé au départ de l'hospice, sans difficulté particulière avec cette nivo et ce qu'on a vu des conditions réelles de la zone hier.

En vrai : D+ 1850 m. Ouhaaaaa, ça commence à piquer un peu plus en passant les 3000. Et la vue, démente ! Très belle montée jusqu'à Breithornpass, dont une partie déjà testée hier. On est 7, Didier s'étant aggloméré au groupe 1. Et Laurent le guide suisse qui « surveille la montagne » nous rattrape un peu plus haut pour nous accompagner jusqu'au sommet. Petite hésitation sur le Monte Leone que nous avions évoqué hier soir mais à priori peu praticable et beaucoup plus long. Sachant qu'on est parti à 8h, un exploit, mais un peu juste pour envisager une course aussi longue. Donc Breithorn, les couteaux ne sont même pas nécessaires, et seuls les derniers mètres pour accéder au col à 3345 m sont en glace. Vaste plaque bleue, on est sur le glacier, en fait ! Et seul endroit où ça caille un peu avec une petite bise fraîche, pour le reste la troupe surchauffe un peu. Encore un peu de grimpette, un passage par le petit sommet sous le Breithorn où Dom et George décident de s’arrêter, et nous filons en 15 minutes jusqu’au sommet, à ski et sans couteaux.

Pique-nique au sommet, puis belle descente de goulet en pipe, en belle neige toujours, pour finir par retrouver nos traces d'hier dans la forêt de mélèzes. Arrivés sous les pylônes électriques, le groupe se scinde. Flo, Étienne et moi sommes tentés par les courbes qui surplombent l'hospice et le début de la course, observés depuis le début de la semaine. C'est parti, 400 m de grimpette en rab mais à nouveau 500 m de descente moquette pour rejoindre l'hospice à 17h.

Une bien belle journée !!! 

Jeudi, Galehorn (2796 m) + Magehorn (2622 m)

Nivo : risque neige ancienne diminue, risque neige humide s’intensifie, plus tôt car plus chaud.

Topo : Au départ de Engiloch, montée au Galehorn puis descente pour rejoindre le Magehorn. Seul passage délicat, la cascade reconnue les jours précédents, relax avec une neige bien stabilisée.

En vrai : D+ 1400 m. Dernier jour avant la tempête pluie / neige / vent annoncée pour demain, et le soleil tient presque toute la journée, on va pouvoir profiter, objectif double !

1er sommet, le Galehorn. Les 500 premiers mètres sont connus et avalés avec déshabillages successifs, ça chauffe dur même si on a décollé dès 8h. Après la cascade nous nous glissons dans le vallon remonté tranquillement, jusqu’à une espèce de replat. La trace théorique de montée au sommet se perd dans les pierres, et nous grimpons dans une pente un peu plus raide, jusqu’à la plateforme bétonnée avec antennes diverses. Presque 2800 m, il fait un temps magnifique, 1er pique-nique, il n’est que 11h, moment suspendu ! 

Nous redescendons de 600 m par une jolie combe plein Est. Neige de rêve, petits virages tout doux, plaisir… Point 2240, il est temps de repeauter pour 400 m jusqu’au 2ème sommet du jour. Les tee-shirt bronzent, les bouts du nez rougissent, tout le monde transpire. La voie normale d’accès est en rocher encore une fois, nous suivons la trace dans la face SE. Ça glisse un peu mais Didier tape ses skis devant pour nous éviter de redoubler d’effort à chaque pas. Le sommet est atteint à 13h, nouveau pique-nique les fesses sur des rochers bien chauds qui parsèment cette vaste plateforme mi-neige mi-rocaille. 

Même 200 m plus bas qu’au Galehorn, le panorama est somptueux et identique. Le Böshorn avorté lundi nous nargue un peu (il faudra revenir…), materné par le Fletschhorn derrière lui. Monte Leone et Breithorn respectivement approchés et grimpé hier nous font un clin d’œil. Et au loin au nord Aletschhorn, Finsteraarhorn sont visibles même si les nuages commencent à s’installer.

Reste 800 m de descente à apprécier au maximum. La 1ère moitié est au top, la fin plus difficile dans une neige épaisse, humide, qui colle aux spatules. Qu’importe, les petits mélèzes que nous contournons détournent notre attention de la fatigue qui se fait sentir et nos cuisses restent concentrées pour nous descendre à bon port. Au parking il reste une seule voiture, la nôtre, où nous nous entassons à 6 avec skis chaussures bâtons sacs à dos casques… pour rejoindre l’hospice 3 km plus haut.

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