Carnet de route

2024-11-30 L'Arête des Sommêtres

Le 30/11/2024 par Arnauld Dodard

Une première en arête : direction l'Arête des Sommêtres

Le rendez-vous est fixé à 7h30 au local. L’air est glacial, -6 °C, mais la météo annonce une journée ensoleillée, parfaite pour une escapade sur les rochers. Autour d’un café fumant et de pains au chocolat encore tièdes, l’excitation commence à monter. Benoît, Vincent, Silène et moi nous préparons pour cette aventure. Le matériel est prêt, l’ambiance est légère, et les discussions vont bon train : chacun partage ses attentes, ses petites craintes et son enthousiasme.

Après 50 minutes de route dans une lumière dorée, nous atteignons Le Noirmont, notre point de départ pour l’Arête des Sommêtres. Nous garons la voiture près de l’hôpital, réduisant ainsi la marche d’approche. En chemin, le paysage se transforme. La forêt qui nous entoure est figée par le gel, les branches étincelantes sous la lumière matinale. On plaisante pour détendre l’atmosphère, mais je sens monter en moi une certaine appréhension.


Le pied de l’arête : l’aventure commence

Après 45 minutes de marche, nous arrivons enfin au pied de l’arête. L’endroit est magnifique, mais imposant. Pour moi, c’est une grande première : jamais je n’ai grimpé en extérieur, encore moins sur une arête. L’idée de m’encorder et de faire face au vide m’intimide, mais je suis bien entouré. Vincent, mon capitaine de cordée, m’aide à ajuster mon matériel : harnais, casque, mousquetons. Tout est vérifié deux fois, comme un rituel avant le grand saut.


Une ascension glacée mais lumineuse

La première face est orientée au nord et encore gelée. Le contact des doigts avec la roche froide est saisissant. Rapidement, mes mains deviennent insensibles. Je me concentre sur chaque mouvement, chaque prise, en essayant de maîtriser ma respiration. Sur un petit plateau, je décide de mettre mes gants, mais je réalise vite qu’ils me privent des sensations nécessaires pour bien saisir les prises. Une prise mal assurée me met en équilibre précaire. À ce moment précis, je ressens l’intensité de l’arête : elle demande de la technique pour ma part, de la concentration, et une grande maîtrise de soi. Je retire mes gants, un peu fébrile, et retrouve ma progression.

À chaque mètre gravi, la confiance s’installe. L’effort, combiné à la lumière éclatante du soleil, devient un plaisir. Lorsque nous atteignons le sommet de la première section, la vue qui s’offre à nous est une récompense en soi. Le soleil réchauffe nos visages et nos mains engourdies.


Le rappel : un passage crucial

Nous continuons jusqu’au rappel, un moment décisif. C’est une autre grande première pour moi. Bien que nous ayons répété les techniques sur un mur d’escalade la semaine précédente, être face au vide apporte une toute autre dimension. Vincent, toujours serein et rassurant, m’explique calmement chaque étape : l’installation du ficellou, le descendeur, la position de la longe. Vincent s'élance en premier. Lorsque je me lance enfin dans le vide, l’adrénaline est à son comble. La descente se passe sans encombres, et en atteignant le sol, je ressens une immense fierté.

Après le rappel, nous réorganisons nos cordées. Vincent échange avec Silène, et Benoît devient mon nouveau capitaine de cordée. Son assurance, tout comme celle de Vincent, est communicative. Grâce à leur calme et à leur expérience, je me sens soutenu et prêt à affronter la suite de l’arête.


Le défi du rasoir : entre appréhension et dépassement

Nous poursuivons sur une section appelée le "rasoir". Cette partie de l’arête, avec son nom évocateur, fait naître quelques frissons. Une erreur de trajectoire ou une prise mal assurée pourrait avoir des conséquences. Pourtant, avec Benoît, nous avançons prudemment, mes mains tremblantes, mais déterminées. Après l’effort, un habitué de l’arête nous apprend que ce n’était qu’une mise en bouche : le véritable rasoir est encore devant nous.

Lorsque nous atteignons enfin le fameux rasoir, l’adrénaline refait surface. La concentration est maximale, et chaque mouvement est calculé. Avec Benoît nous franchissons cet obstacle redouté.


Le belvédère : une arrivée triomphante

À l’horizon, nous apercevons enfin le belvédère des Sommêtres, notre objectif. Le soleil de l’après-midi nous accompagne, réchauffant l’atmosphère. La fatigue commence à se faire sentir, mais l’enthousiasme prend le dessus. Les dernières montées et descentes s’enchaînent dans un décor spectaculaire.

Nous atteignons le belvédère à 15h30, un peu plus tard que prévu. Vincent nous avait annoncé un retour pour 14h, mais nous prenons la chose avec philosophie : "Nous sommes larges pour rentrer à la maison !" plaisante-t-on. L’heure importe peu face à la satisfaction d’avoir accompli cette traversée.

Un immense merci à Vincent, Benoît, et Silène pour cette journée exceptionnelle, marquée par l’effort, le dépassement de soi, et des souvenirs inoubliables.







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