Carnet de route

2025-03-09 De Villers-le-Lac au Buet à « bicy-ski »
Le 09/03/2025 par Nicolas Roland
Six heures au « Bas du », c’est le lieu et heure que nous nous sommes donnés comme point de ralliement. Et c’est ainsi que nous sommes partis.
Victor a fixé ses skis-chaussures sur le cadran de son vélo et pour ménager la carrosserie de mon carrosse j’ai tout placé sur une charrette mono-roue. À la balance, une vingtaine de kilos pour le jeune et une quarantaine de kilos pour le vieux. Mis à part quelques éléments de confort et les deux saucisses de Morteau pour nos futurs hôtes, je me demande qu’ai-je pris en plus pour faire autant de différence…
L’itinéraire n’est pas trop préparé car nous avons toute la journée pour y arriver. En quelques lieux clés, voici l’itinéraire réalisé : Villers-le-Lac, la Grande Joux, la Tourne, le lac de Neuchâtel, Yverdon, le parc naturel du Jorat, Savigny, le vignoble du Lavaux, le lac Léman, le canal du Rhône, Martigny, le col de la Forclaz, Vallorcine. L’arrivée à l’auberge se fait avec un accueil chaleureux. Perso, la montée du col de la Forclaz a été une rude épreuve (merci Victor…). L’escapade à bicyclette de la journée pour arriver dans ce massif alpin se résume par une distance d’environ deux cents kilomètres avec un dénivelé d’environ trois mille quatre cents mètres pour une durée de cohabitation selle-postérieur de onze heures. Inutile de préciser que le sommeil ne fut pas dur à trouver.
Un réveil à six heures, un petit déj avec les vacanciers qui rentrent dans leurs pays respectifs et c’est parti pour chausser les skis au pied de l’auberge à sept heures trente du matin. Le soleil caresse déjà les cimes, la fraîcheur matinale est déjà printanière, les courbatures présentes s’estompent progressivement et rapidement. Tout y est pour une belle journée. La neige est un peu tendue et la trace serpente à travers les mélèzes, mais nous ne nous munissons pas de nos couteaux. À la sortie de la forêt, la vue sur cette micro-vallée alpine avec cols et sommets est magnifique. L’ascension est progressive, créative et récréative.
- Progressive par la variation d’inclinaison de la pente qui s’accompagne par l’élargissement de la vue sur les sommets tels que la Verte, les Drus, le Chardonnet…
- Créative par la diversité qu’offre le terrain et la qualité de la neige (qui s’est détendue) pour faire sa trace de montée en fonction de ses inspirations. Le niveau de risque étant quasi nul, la liberté est de mise.
- Et récréative par le nombre de rencontres avec les randonneurs que nous avons croisés. Discussions riches et fournies souvent débutées par la lecture de notre fanion.
Nous sommes arrivés au sommet du Buet bien avant midi accompagnés d’une chevronnée randonneuse qui fréquente régulièrement les lieux. Une fois bardé de nos vestes et couvre-chefs, nous établissons notre « camp de base » pendant une p’tite heure afin de profiter de la vue. « WAOUH, ça valait bien le coup de mouiller le maillot ».
À la descente, l’inspiration des pentes et couloirs nous pousse vers la gauche. Que de bonheur et sensations, quelques pauses sont nécessaires pour éteindre le feu aux cuisses. Dans la forêt, nous changeons de mode de ski en passant de Super-G à slalom spécial à piquets résineux.
De retour au village de Vallorcine, nous profitons du beau temps en ce début d’après-midi pour aller faire trempette dans le ruisseau environnant. Une cryothérapie aquatique naturelle collective, bref le pied.
Étant à proximité de la gare, nous allons faire un p’tit tour à Chamonix en train. Que c’est agréable de se faire transporter. Nous profitons du trajet ferroviaire pour élaborer notre tracé de retour à bicyclette avec les locaux sportifs. Ils nous déconseillent de prendre la vieille nationale qui mène à Genève. Ben mince alors… Au bureau des guides, nous avons évalué l’adaptabilité du personnel aux changements non pas climatiques, mais de profil de clientèle en passant d’une conversation pour une sortie en raquettes de deux heures à notre conversation pour la réalisation de la « directe américaine ». Le chef-Guide est vite intervenu. À la porte de l’église, Victor me dit « en deux minutes à la gare, ça le fait ». Et c’est en sprint que nous retraversons le village pour prendre le train in extrémis. Ah la folie de la jeunesse.
Après avoir fait nos adieux aux personnes de l’auberge et passé une bonne nuit, nous déjeunons à la frontale au réfectoire et partons sur nos routes de l’avant-veille vers les six heures. On est frais comme des gardons, il faut dire que je me suis déchargé d’une petite dizaine de kilos et ça aide. La montée et descente du col de la Forclaz est de toute beauté, la route est à nous en ce début de journée dominicale. Profitant de la bise dans le dos le long du canal du Rhône puis du lac, nous arrivons au musée Olympique durant la matinée. Victor profite de se rivaliser avec le déplacement virtuel de Usain Bolt avec son record sur 100 m. « Il a encore des jambes le jeune », me dis-je.
Maintenant on a la bise de face et notre vitesse de croisière n’est plus la même. Ça change de régime… On profite de pauses au bord du lac à Yverdon puis à la ferme bio de Boudry pour engloutir les derniers aliments qu’ils nous restent avant les dernières montées. La Tourne par Chambrelien, ça réchauffe. Puis la Grande Joux n’est plus qu’une formalité, nos guibolles sont en pleine forme. À croire qu’elles se sont habituées à l’effort. On profite d’un petit passage au Chauffaud pour sabrer le champagne de notre excursion du week-end puis c’est la descente pour Villers-City où nos tendres et chères nous attendent. Ceci devait être la fin de ce périple, mais le fanion ayant fait encore des siennes (disparu de la remorque), je dépose la remorque chez moi et repart en vélo (tout léger) avec frontale-guidons à sa recherche jusqu’au Chauffaud.
Ah, cette mobilité douce, on y prend vite goût. Superbe expérience, à refaire.