Carnet de route

2023-06-01 Deux journées bien remplies dans les Gastlosen
Le 01/06/2023 par Nathalie Chateau
Mercredi 31 Mai, comme d'habitude le rendez-vous à 6h30 pique un peu. Arrêts à Saône puis Morteau afin de réunir l'équipe Besançon + Morteau. Au parking au-dessus de Jaun, il est déjà bien 10h00 quand nous nous répartissons le matériel et la nourriture, et c'est avec des sacs bien chargés que nous grimpons les 20 minutes qui nous séparent du refuge. La cabane Grubenberg, non gardée, est très sympa et il manquera juste la douche. Royal !
Une demi-heure de marche plus tard, nous rejoignons le pied des grandes voies du jour. Les équipes sont calées, pour nous ce sera le pilier Diehl pour accéder à la Dent de Ruth, avec Marcel et Kriss, Didier et Jeanne-Marie formant l'autre cordée. Tous les autres partent sur l'Avenue des Chamois, à proximité.
Le temps de trouver le pied de la voie, ça se couvre méchamment et les premiers grondements se font entendre. Les autres ont déjà attaqué les Chamois que nous sommes encore à tergiverser. Avant même d'attaquer le premier point, nous décidons de nous rerouter sur l'Avenue des Chamois, puisque les 2 premières longueurs sont accessibles du chemin.
Les premières gouttes arrivent, nous attaquons la première longueur pendant que les autres cordées plient bagage. Nous aussi puisqu'il pleut, direction le col sur le chemin où une vieille bergerie nous permet de nous abriter le temps de voir si ça s'arrange. Kriss suit les autres jusqu'au refuge, nous ne sommes plus que 4 à nous obstiner. Obstination qui paie puisqu'une heure plus tard nous sommes à nouveau prêts à remonter l'Avenue des Chamois, jusqu'au sommet cette fois.
Succession de belles longueurs en 4 et 5, dans les fameuses cannelures verticales qui plantent un décor surprenant. Très grand plaisir à grimper en second là-dedans. A priori la plus grande difficulté réside dans le fait que les cannelures sont assez abrasives donc il vaut mieux éviter de riper, et que la voie se décale à gauche ce qui rend l'assurage plus périlleux, pour celui qui grimpe en tête. Tête que je laisse à Marcel, Didier et Jeanne-Marie nous suivant de près.
Trois heures plus tard nous validons le sommet avec une vue plongeante sur la vallée derrière. Les nuages nous ont finalement laissé un peu de répit, et nous avons aperçu le reste du groupe qui randonnait sur le sommet en face, à pied. Déjà 19h00, on y ajoute une heure et demie de descente avec des rappels plutôt faciles et bien enchaînés mais à 4 ça reste long puis enfin une demi-heure de marche retour. À 21h00 nous poussons la porte du refuge qui sent bon les spaghettis à la sauce bolognaise faite par Maryse, la classe ! Et heureux d'avoir pu grimper finalement ! À 23h00 il est grand temps de se coucher, les 2 dortoirs sont accueillants, et le réveil est prévu pour 5h30 !
Jeudi 1er juin, Marcel a été convaincant, je reste avec lui pour tenter le pilier Diehl même si les cotations en 5c-6a me font un peu frémir avec la fatigue de la veille et des trop courtes nuits. Mais « on ne change pas une équipe qui gagne » donc Didier et Jeanne-Marie sont là et passent devant ce coup-ci.
C'est parti avec à nouveau la menace d'orage qui monte doucement, il va falloir garder un œil vigilant même si une fois dedans il faut au moins sortir les 8 premières longueurs. Didier se lance et doit s'employer pour quelques passages clés. Je « tire au clou » quand il faut pour passer sans trop traîner. Le 6a local avec sac sur le dos est plus costaud que de la falaise école... Les longueurs s'enchaînent, Didier et Marcel en tête, qui ont suffisamment à faire pour ne pas regretter la voie voisine plus difficile qu'ils avaient d'abord envisagée, mais que j'avais catégoriquement refusée.
Les nuages grimpent aussi, et couvrent quelques sommets voisins quand nous arrivons en haut des 8 premières longueurs. Pas trace du petit rappel pour rejoindre le pied de la Dent de Ruth proprement dite, une face qui m'impressionne. Pourtant il ne reste que 2 vraies longueurs et un peu de crapahute pour atteindre le sommet mais je suis cuite, et très motivée pour attaquer la descente en rappel qui s'offre à nous. Hésitation et négociation, Marcel et Jeanne-Marie font les Suisses, Didier pousse pour le sommet mais capitule. Même si la descente à pied promise depuis le sommet (sans doute bien raide mais sans rappel) lui semble plus sécurisante.
C'est parti pour une dizaine de rappels à tirer dans du caillou pas évident à descendre, entre rognons rocheux où il ne faut pas coincer la corde et relais lointain qu'il ne faut pas rater sous peine de se retrouver en bout de corde. La fin est une succession de rappels dans de la pierraille qui ne passe pas en baskets. Patience... Il est déjà 17h00 quand nous atteignons le pied de la voie, les premières gouttes puis pluie se calant sur notre horaire. Nous sommes sortis d'affaire et n'avons plus qu'à regagner le refuge puis le parking où la voiture de Maryse nous attend pour enfin rejoindre les autres à Jaun. Il est 19h00, plus que la route retour !
Journée grimpante, impressionnante et épuisante pour moi, mais Marcel a été un excellent compagnon et grimpeur en tête pour me permettre d'accéder à cette voie difficile pour mon niveau. Yapluka progresser !