Carnet de route

2023-05-04 Du Baulmes au coeur

Le 04/05/2023 par Pierre Caron

Aujourd’hui Serge propose aux « Seniors mais pas que » une journée d’escalade aux Aiguilles de Baulmes. Pour cette reprise de la grimpe, notre guide suprême a sélectionné un casting de choc. Certes ce ne sont pas des perdreaux de l’année mais l’équipe a fière allure : nos amis bisontins Maryse et Alain, Michel et Gaby, les aigles du plateau du Russey, Pierre notre fidèle jurassien, Jean-Charles notre maîchois d’adoption, Pierrot la balise, l’homme qui a peur de son ombre votre rédacteur d’un jour. 

Arrivés à neuf heures sur le site, rapidement les cordées se forment en fonction des affinités et des compétences de chacun : Maryse et Alain, Michel et Gaby, Pierre et Jean Charles, Serge et moi-même. Deux cordées graviront la Grande Arête pendant que les deux autres affronteront la Petite Arête. En homme avisé Serge me propose la Grande Arête. Choix sympathique car dès les premiers mètres franchis les rayons généreux d’un soleil printanier nous accueillent. Nos compagnons moins chanceux progresseront encore quelques temps à l’ombre. 

La Grande Arête nous offre une escalade agréable et facile parfois aérienne permettant de retrouver nos sensations. Nous apercevons maintenant nos camarades et cheminons parallèlement sur chacune de nos crêtes. Une dernière partie horizontale, une brève désescalade est c’est la fin de notre premier parcours. Pierre et Jean-Charles nous rejoignent. Pendant que Serge se porte à la rencontre des deux autres cordées, nous trois entamons une prudente descente par un sentier escarpé. 

Moment privilégié de convivialité et de partage c’est le casse-croute. Fidèle à son habitude Pierre nous offre un rosé bien frais et Maryse les gâteaux apéros. Le repas terminé, à peine ai-je disposé mon sac en appui-tête pour une sieste méritée que déjà Serge nous invite à rejoindre nos voies. Par ma sieste avortée, mon esprit courroucé me pousse d’un pas pressé vers les rochers. Chaussé et déjà harnaché, Serge tout juste arrivé que me voilà encordé. Tu pars en premier ? En gamin contrarié c’est un oui affirmé qui répond à Serge. Grossière erreur, car la première longueur effectuée, Serge va me relayer. Arrivé au second relai je saisi ma bévue. Bête que je suis de jusqu’à trois ne savoir compter car maintenant c’est à mon tour en tête de grimper et devant moi le mur jaune n’est pas la moindre des difficultés. J’essaye de négocier « Je connais sur la droite un petit couloir formant escalier où je pourrais aisément me hisser ! ». Tel le couperet fatal, tombe la sentence de Serge : « En premier tu as voulu monter, le mur jaune tu devras passer ». Si les voies du Seigneur sont impénétrables, la parole de Serge n’est pas discutable. Pour adoucir son propos il me prodigue quelques conseils : « Le secret du mur jaune c’est rapidité et fluidité, pour cela si tu le peux une dégaine sur deux tu mettras, point tu ne n’arrêteras sinon gare à tes bras ». 

Ma progression commence hésitante. Plaquette à gauche point tu n’utiliseras, appui sur les pieds, extension, plaquette en vue un clic salvateur. Continuer ne pas s’arrêter, résister à la tentation. Elle est là tentante, brillante sous le soleil « Vade retro Satanas » vite à la suivante. Un clac libérateur, une dernière poussée des jambes, une vigoureuse traction des bras, et je me rétablis sur un confortable replat. 

C’est bon, tu peux te reposer un peu avant de t’engager dans le prochain éperon ! Merci Serge pour ce généreux répit, je pensais déjà créer une section syndicale au sein de Varappe pour la défense des grimpeurs. 

Profitant de mon temps de pause, Serge guide et conseille Pierre qui grimpe en « grosses ». Des paroles encourageantes, bienveillantes et la cotation semble moins sévère. Un jeune couple progresse parallèlement à nous dans une voie plus dure. Nous nous partageons l’étroit sommet. Le rappel est posé, Serge entame la descente. Machinalement je libère mon auto-assurage avant de saisir la corde. « Monsieur vous n’êtes plus attaché ! » prononcé par une voix féminine me rappelle à l’ordre. Confus je me « vache » à nouveau, installe mon prussik, engage mon descendeur, enfourche le rappel et enfin détache ma longe. 

Assis dans la forêt en attendant Michel et Gaby nous évoquons des souvenirs de montagne. Nous sommes conscients de la chance que nous avons de vivre de tels instants de joie simple et de sérénité. 

Merci à tous, merci Serge pour cette belle journée de grimpe.

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