Carnet de route

2025-03-15 Séjour ski de randonnée à Cervières
Le 15/03/2025 par Nathalie Chateau
J1 : 9 Mars, Col des Peygus et Col de la Roya au départ de l'auberge de l’Arpelin. D+ 1225 m.
Groupe 1 avec Étienne, Flo, Guillaume, Jean-Georges, Jean-Luc, Jean-Marie, Mélanie et moi ! Déco 8h45, tranquillou. Le ciel est voilé mais plutôt beau, on est décidé à en profiter avant le mauvais temps annoncé pour cette nuit, et arrivant plus ou moins tôt selon les météos. Direction les chalets (en ruine) de l'Izoard, via les pistes de fond. 1h30 d'échauffement... puis les vallons s'ouvrent, et nous visons le col des Peygus (2612 m). La sortie du col est balayée par un très frais vent d'est. Dépeauter et se rhabiller est peu confortable, on ne s'attarde pas.
Descente en direction du col de la Roya (2694 m), avec au passage une jolie combette de bonne neige. Repeautage, et remontée d'environ 300 m, pour un joli col avec vue imprenable sur les pistes de Serre-Chevalier qui descendent sur Briançon, et sur la gauche le massif des Écrins avec les pieds de tous les sommets bien cachés par la masse nuageuse qui monte et s'installe. Il faudra revenir pour voir la Meije et consorts. On en profite quand même pour pique-niquer à peu près à l'abri du vent, avant la descente. Dans une neige plutôt pourrie jusqu'aux chalets. Et la longue descente sur la piste de fond, royal pour une arrivée à l'auberge à 14h30.
J2 : 10 Mars, le lundi c'est permis ! Col de Chaude Maison depuis les Aittes au-dessus de Cervières. D+ 1120 m.
Même groupe qu'hier. Après une belle préparation de course la veille jusqu'à 22h en mode « CSV », rien ne s'est passé comme prévu. Belle petite couche de neige fraîche au réveil, et grand ciel bleu. La route qui mène au départ des pistes de fond est fermée bien bas, rallongeant sérieusement l'approche au site. Au pied du goulet à remonter nous ne trouvons pas le pont de neige censé nous faire traverser la rivière. Jean-Marie tente les pieds dans l'eau mais personne n'est très motivé. Et une belle coulée toute fraîche nous indique que remonter un couloir d'avalanche un peu raide bordé de crêtes surplombante n'est pas forcément un bon choix. Le temps de la discussion, une petite coulée part d'en haut, générant un magnifique nuage de poudre. Rien de bien méchant mais impressionnant. Et efficace pour nous faire prendre une direction plus sage.
Plan B : le Col de Chaude Maison mais par le bois du Bourget. Belle poudre fraîche dans la forêt, ciel bleu, les branches des mélèzes étincellent, la grimpette est magnifique. Nous sommes assez lents du fait qu'il faut faire la trace, malgré l'efficacité de Jean-Georges et de Jean-Marie. Et beaucoup de temps perdu sur la rallonge de kilomètres de ski de fond. Mais la météo est belle, le paysage grandiose, et l'humeur est bonne pour tous. Après quelques tergiversations mais sans crainte des conditions, nous atteignons le col à 2825 m d'altitude. Le temps se gâte doucement, le vent de sud s'est bien levé. Une dernière réflexion sur l'option de descente. La neige incroyable de notre montée l'emporte, d'autant qu'elle aura le mérite de nous ramener aux voitures plutôt qu'à l'auberge comme prévu initialement. La descente est incroyable, jusque dans les mélèzes malgré le fait que la neige s'est bien alourdie. Face à nous les pentes en sud qui étaient bien blanches ce matin sont redevenues printanières... il vaut mieux descendre en versant nord. Reste quelques kilomètres sur les pistes de fond, pas vraiment en faux plat descendant, nous y laissons nos dernières forces mais quel plaisir cette journée imprévue !
J3 : 11 Mars, trop bon ! Côte Belle à mi-chemin entre les pics Est et Ouest, puis Col Perdu et Arpelin. D+ 1350 m.
Même groupe. Il a encore neigé cette nuit, avec 10 cm de fraîche à l'auberge. On enquille les pistes de fond dans le bois du Laus direction le bois des Oules. Tangente à droite pour éviter la zone protégée pour le tétras-lyre, puis une belle grosse montée de presque 600 m de dénivelé pour atteindre la crête de Côte Belle. Le soleil est présent entre les nuages qui montent, un peu de vent mais pas trop, conditions parfaites. Et surtout une monstre descente dans une belle neige bien épaisse qui remonte jusqu'à mi-cuisse.
L'Arpelin est juste au-dessus, le temps de repeauter et manger un peu et nous remontons. Vers le col Perdu d'abord, où le vent arrache la neige au sol, puis sur la pente sud dégarnie de l'Arpelin. Ça passe jusqu'au sommet, avec quelques touffes d'herbe jaune qui prennent le vent. La descente à nouveau incroyable se fait par la face nord, dans une combe superbement chargée (mais sans risque à priori). Comme nous ne voulons pas perdre un virage de descente dans ce creux du Loup à haute densité, il nous faut repeauter un petit coup pour basculer derrière l'épaule, dans le bois du Balais. La neige est encore bonne, mais il est temps de rentrer, les flocons nous tombent dessus. S'ensuit une descente boardercross dans la forêt déjà bien tracée, puis une longue descente humide (neige qui mouille) sur la piste de fond. Quelle journée encore !
J4 : 12 Mars, de la fraîche à volonté. Col de Chaude Maison par la combe Ouest x 1,5. D+ 1450 m.
Même groupe sans Jean-Luc et Jean-Marie. Toujours la même météo (soleil et nuages en matinée, qui se couvre en début d'après-midi), toujours le même BERA (risque 3 au-dessus de 2200 versants ONE), toujours la même petite couche de neige fraîche au réveil.
Donc on remonte une nouvelle fois les pistes de fond depuis l'auberge, pour tourner à gauche dans le bois du Balais. Longue remontée où il faut tracer (merci Jean-Georges), au soleil et dans la neige bien fraîche et assez épaisse (à force...). Sous le col la neige fait défaut, et le vent est frais et tenace. Les différentes options envisagées sont toutes bloquées : la Turge de la Suffie manque de neige, et l'arête en direction du col de Prafauchier est une longue corniche impraticable. Pas de problème on s'adapte et on attaque la magnifique descente dans une neige incroyable. Une fois le pierrier du haut passé quand même, où on laisse un peu de semelle de skis.
La neige est tellement belle et la météo tient et il est à peine midi, donc nous décidons de remonter pour "s'en refaire une" ! Trop trop bien ! Et la fin de la descente dans la combe où la neige s'alourdit n'est pas pire, malgré les nombreux passages des jours précédents. Il ne reste plus que la piste de fond plutôt descendante pour achever nos cuisses déjà bien fatiguées. Encore une très belle journée !
J5 : 13 Mars, ambiance capuche. Tour des Peygus par le ravin d'Izoard, le col des Peygus, un beau vallon perdu, et un goulet forestier peu praticable. D+ 1150 m.
Le groupe des 8 est à nouveau au complet. La matinée annoncée ensoleillée n'a jamais existé. Au départ de l'auberge il neige, et plutôt à l'horizontal grâce à un bon vent de sud. Le soleil point rond cerné par les nuages restera un espoir... mais le vent fort agrège des nuages de neige tourbillonnante qui ne nous lâcheront pas de la journée.
La montée en parallèle de la route du col d'Izoard en forêt est à peu près abritée, et nous réussissons enfin à attraper le ravin d'Izoard pour un raccourci efficace qui nous mène directement au-dessus des chalets d'Izoard. Jean-Georges est à la trace, les centimètres se sont encore accumulés... à la sortie de la forêt chacun s'enferme sous sa capuche pour une remontée vent debout, fort et froid, vers le col des Peygus. Étienne est à la trace, relayé par Jean-Marie. En pente finale nous tournons un peu le dos au vent mais les rafales sont fortes. Passage du col poussés dans le dos, 10 m en dessous c'est jouable pour dépeauter. Le manque de visibilité et la pente chargée par le vent et la neige fraîche engage moyen, nous y allons prudemment et ça part un peu en plaque sous les skis du premier. Grosse épaisseur de neige, peur de déclencher une plaque, visibilité limitée, c'est difficile d'apprécier pleinement la descente de ce vallon, alors qu'il y a du potentiel ! Un peu plus bas le manque de pente et l'épaisseur de neige nous ralentissent, mais ce vallon perdu est magnifique.
Posés au fond d'une combette, il est temps de repeauter pour basculer l'épaule qui nous sépare de l'accès au petit Peygus (objectif possible de la journée, avec une autre météo). La remontée se fait tranquillement le long d'une sorte de sentier en vire dans la forêt, bucolique à souhait. Mais il neige toujours... Le petit Peygus devient inenvisageable. Nous ne voyons pas la pente d'attaque, nous ne voyons pas si les pentes sont chargées. Mais nous voyons beaucoup de rochers dans la partie finale. Étrange tellement c'est éloigné de la carto, mais largement suffisant pour viser la descente. Les pentes sont déjà bien tracées, mais slalomer entre les arbres sur une petite couche fraîche et douce reste bien sympathique. Nous manquons malheureusement une petite traversée à gauche et nous retrouvons dans un chantier bien scabreux. Un goulet raide, très enneigé, étroit, avec une neige qui s'alourdit, et des arbres bien serrés. Bonne aventure pour s'extirper de ce vallon piégeux jusqu'à l'arrivée. Ou comment rater une descente d'anthologie par le vallon officiel..., pour une fois. Mais malgré quelques emboîtements sur sapins de Jean-Georges ou Étienne, tout le monde est sauf en arrivant en bas. Plus qu'à pique-niquer à l'auberge en regardant la neige tomber, encore et encore...
J6 : 14 Mars, journée « créative » (copyright Marion). Sous le Petit Peygus D+ 850 m et sous la lune jusqu'au refuge Napoléon D+ 500 m.
Groupe de 8 habituel. La météo s'annonce moyenne, nous visons la remontée du vallon raté hier : la combe du Malazen. Et n'en déplaise aux prévisions, le soleil pointe son nez, belle lumière belle montée. En sortant de la forêt nous sommes sous le petit Peygus, même place qu'hier. Le ciel se charge par le sud et les crêtes semblent déjà bien occupées mais le petit Peygus reste clair et net.
Le « groupe 2 » est en train de tracer vers le petit col à droite, nous décidons de les suivre (la montée vers le Petit Peygus s'effectuant plutôt depuis l'épaule à gauche, mais le sommet semble inaccessible, comme hier malgré la bonne visibilité). L'épaisseur de neige est conséquente mais avec la trace faite ça va vite. Au petit col le groupe 2 est déjà redescendu, et semble repeauter pour "s'en refaire une".
Une discussion s'engage sur l'intérêt / le risque de monter un peu plus haut pour avoir une plus longue ligne à descendre. 4 d'entre nous renoncent, les 4 autres osent. Mais en passant une petite rupture de pente, le déclenchement a lieu, quelques mètres au-dessus du traceur. Les autres sont à l'abri, et lui seul descend sur le dos les 200 m de pente, emporté par l'avalanche. Heureusement en surface. Aucun mal, et ceux qui avaient attaqué la remontée au petit col, se trouvant pile sur le passage de la coulée, ont eu le temps de s'écarter.
Une fois remis de nos émotions partagées, la redescente est ultra plaisante : la neige est excellente en haut, et même si elle s'alourdit et croûte un peu plus bas, les bords de combe sont gavés de neige qui se godille avec grand plaisir. Malheureusement Guillaume de l'autre groupe se plante une branche dans la cuisse dans les derniers virages... direction les urgences, et il est de retour pour le dîner, avec 10 points de suture quand même...
20h30, « chassés » du restaurant de l'auberge qui accueille un autre groupe, nous sommes une douzaine à chausser les skis, les sacs chargés de thermos remplis de vin chaud. Direction le refuge Napoléon. Il neigeote, la pleine lune n'est pas visible mais diffuse assez de lumière pour monter sans frontale. Nous croisons quelques luges sur la piste de fond, qui ont bien du mal avec la couche de neige fraîche. Pour nous c'est plus facile, et les 500 m de dénivelé se passent nickel. Les gobelets circulent, les peaux sont remisées au fond des sacs, on commence à se cailler, il est 22h30, temps de redescendre. Et quel plaisir ! La neige fraîche est douce et excellente à skier, le début donne même un peu de pente pour des petits virages serrés. Puis c'est pleine balle que le ballet de frontales s'échappe vers le bas. Nous slalomons entre les luges en galère, prenons les virages en boardercross, pour arriver très heureux de cette aventure qui clôture ce magnifique séjour.
23h30, dodo time, avec le sourire ! Demain c'est le retour à la maison (ou pas), mais la fin de ce séjour au top !