Carnet de route

2024-06-05 Teysachaux pour la sortie des anciens en Gruyère

Le 05/06/2024 par Maurice Boissenin

Merci à Bernard et Dominique Moyse qui nous ont organisé une magnifique sortie en Gruyère en Suisse dans le canton de Fribourg au pays du Moléson. Nous sommes 28 au départ de ces journées des anciens. Nous sommes 14 femmes et 14 hommes, une répartition équitable, c'est rare.

28, c'est aussi le nombre d'années en arrière de notre premier rassemblement des anciens à Châtel. Belle continuation que ce rassemblement. Merci à tous ceux, qui ont su faire vivre cette tradition par leur dévouement, c'est sûr, ce n’est pas toujours facile, avec tous ces vieux et même le plus vieux. C'est avec plaisir que nous participons à ces rassemblements, nous nous replongeons des années en arrière, et nous nous retrouvons tous jeunes, c'est formidable.

Le premier jour le mardi 4 juin, belle visite de la chocolaterie Cailler, avec une très belle balade à 28 dans les gorges de la Jogne. Puis nous passons une belle soirée ensemble au chalet du Moléson, où chacun y va avec son histoire, toutes aussi belles les unes que les autres.

Le matin de la seconde journée, nous voilà prêts au départ à 8h30, j'ai été agréablement surpris par la rapidité et le dévouement de tous. À Varappe il n'y a pas que des rigolos. Sur le parking nous nous divisons en trois groupes, comme prévu chacun comme il se sent. Voilà un gros dilemme pour moi, intégrer le groupe des moyens ou des forts. C'est vrai que j'aime toujours aller vers le haut, mais ce sommet que j'ai sous les yeux, Teysachaux 1909 m, me parait bien pentu, avec ses arêtes rocheuses. « Ce n’est plus de ton âge, tu n'es plus entrainé » me dis-je à moi-même. Je décide donc d'aller dans le groupe des moyens. C'est alors que Serge me dit : « Je te sens capable de venir avec nous, nous irons moins vite ». Puisqu'il le dit c'est peut-être vrai. Mais il ne faut pas que je les empêche de faire leur course.

La devise de mon régiment à l'armée me revient : « Qui Ose Gagne », alors j'ose.

Je pars donc avec ce groupe constitué de Serge, Jean-Marie, Gégène, Pierre, Gaby et moi. Ces petits jeunes, je les connais, ce ne sont pas des petits rigolos. Il va falloir s'accrocher mon gars pour arriver au sommet. Nous voilà partis, nous devrions être vers 11h00 au sommet dit Serge : 850 m de dénivelé, deux passages raides avec un peu de rocher et une distance d’environ 12 km A/R m'attendent. 

Nous allons contourner par l’arrière du sommet des passages raides. Pour débuter, nous traversons comme un jardin botanique, le sentier est fait de copeaux de bois, les trois premiers kilomètres se montent assez facilement, avec une allure légèrement soutenue pour moi. Nous traversons les prairies avec des fleurs de toutes les couleurs, le jaune est dominant, ce sont des trolles me dit-on, pour moi ce sont des boutons d'or tellement ils sont beaux. Nous passons aussi devant de beaux chalets d'alpage avec des toits en tavaillon. Au col vers 1460 m, Jean-Marie et Pierre décident de nous quitter pour aller déjà au sommet du Moléson, puis comme prévu, ils nous retrouveront au sommet de Teysachaux pour manger. Donc deux sommets, chapeau les gars. Je ne me fais pas de soucis pour Jean-Marie, il fait partie des classes en 7, comme moi d'ailleurs.

Nous continuons à monter les 4. « Tu vois là-haut c'est le chalet de Tremetta à 1685 m » me dit Serge « Par la route c'est long, nous allons prendre le raccourci ». C'est un peu raide, oui en effet surtout avec un sac sur le dos. Je commence à trouver le service dur pour mon âge, 87 ans. Au chalet nous nous arrêtons pour boire un coup, et manger un peu. Je dis à Serge : « Je laisse mon sac à dos, je le reprends en descendant ». Serge me répond que nous ne redescendons pas par là ! J'aurais tant voulu faire le sommet sans ce foutu sac à dos. Nous voilà déjà repartis pour atteindre l'arête E à 1787 m, au pied de la section rocheuse, il reste un peu plus de 100 mètres de dénivelé très raide. « Je laisse mon sac là » dis-je à Serge « Nous le reprendrons en descendant. Serge me répond : « Mais puisque je t'ai déjà dit que nous ne repassons pas par là, c'est une traversée ». Décidemment je ne parviendrai pas à me débarrasser de mon sac, dommage ! C'est alors que Gaby me dit : « Donne-moi ta gourde, ça te fera déjà 1 kilo de moins à porter ». Ça c'est des copains. Je vois à présent la croix du sommet. Ouf, il reste 40 m, ça va le faire. 

Nous sommes au sommet comme prévu à 11h00, avec une très belle vue mais nuageuse au loin car nous ne voyons pas le Mont-Blanc. En revanche nous voyons des vallées, le lac Léman et apercevons Jean-Marie et Pierre au loin sur l'arête du Moléson en route pour nous rejoindre. Au sommet une dame suisse nous dit être montée en vélo électrique, surement jusqu'au chalet de Tremetta, puis elle a fait la suite à pied. Elle nous raconte que son mari avec des personnes du CAF de la Dent de Lys ont rénové la croix et les bancs autour. Quinze rotations d'hélicoptère ont été nécessaires mais Jean-Marie ne trouve pas ça très écologique, la montagne doit rester la montagne. Merci quand même ces Suisses sont formidables.

Après avoir mangé tous les 6 au sommet, nous voici repartis pour la descente par l’arête SW, très pentue dans les rochers. Mes anges gardiens décident qu'il y en aura toujours un devant moi, et un derrière moi. Il y aura bientôt les 60 ans de Varappe, il faut qu'ils se fassent dans la joie. Après la partie technique, la descente continue dans des alpages colorés, fermes d'alpage, toits en tavaillon, traversée de bois et un peu de route. À 14h30 nous voici tous réunis comme prévu devant le gîte. J'ai droit à mon arrivée à quelques applaudissements qui me font chaud au cœur. Merci encore mille fois, je retrouve l'esprit de camaraderie qui m'est si cher, du début de la montagne. C'est vrai il y a toujours une bonne ambiance à Varappe.

Faire un sommet, ce n'est pas la réussite qui compte, c'est réussir ensemble, avec les liens d'amitié et parfois avec l'aide des autres.

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